Une jeune femme « entièrement voilée de la tête aux pieds » souhaite s’inscrire avec ses quatre enfants pour bénéficier d’un séjour dans un « accueil en vacances familiales ». Mettant en avant les principes de la laïcité, les élus de l’association gestionnaire s’interrogent : cette tenue n’est-elle pas ostentatoire ? Comment sera-t-elle perçue par les autres pendant le séjour ? Accepter cette femme voilée n’entraînera-t-il pas « des problèmes d’intégration à gérer » ? Enfin, de manière plus générale, accepter son inscription ne va-t-il pas « contre les principes de laïcité ? »
Dans un premier temps, le CNADE étudie l’aspect juridique de la question : qu’est-ce qui, légalement, empêcherait cette femme de s’inscrire à ce séjour ? Non seulement un refus d’inscription serait illégal, mais il pourrait être considéré comme une décision discriminatoire qui, de surcroit, risquerait de faire subir un préjudice aux enfants.
Dans un second temps, l’attention est portée sur le principe de laïcité mis en avant : dans cette association, comment définit-on la laïcité ? Comment a-t-on traduit ce positionnement dans les règlements de fonctionnement des Etablissements et Services ? S’il est légitime pour une association loi 1901 d’affirmer une identité forte, n’est-ce pas le moment de reprendre le débat ? En particulier, est-ce un débat moral destiné à dire si le port du voile est bien ou mal, ou s’agit-il plutôt de se demander si cette acceptation ou ce refus sont des positions justes ?
Au final, et en complément à l’aspect légal, il conviendrait de se demander si un éventuel refus respecterait cette personne dans ses trois dimensions d’être humain, d’être social et de sujet. La question centrale n’est-elle pas de se demander quelles conditions de dialogue ce service a-t-il créé avec elle pour tenter de dégager une solution acceptable pour tous et permettant à cette famille de bénéficier du séjour ?