Une équipe pluridisciplinaire d’un service social de polyvalence au sein d’un Conseil général se divise sur le fait de savoir si l’on doit recevoir une personne portant un « voile intégral avec grillage devant les yeux » ou si l’on peut refuser de le faire. L’absence de garanties sur l’identité de la personne n’expose-t-elle pas les professionnels au risque d’enfreindre les règles de confidentialité ? Mais au nom de quoi les professionnels peuvent-il ôter à la personne le droit de bénéficier de leurs interventions ? Dilemme d’autant plus important que ce « phénomène (nous) paraît en nette évolution » . Phénomène d’actualité également puisque la loi du 11.10.2010 interdit « la dissimulation du visage dans l’espace public ». A noter toutefois que cette question a été adressée au CNADE juste avant l’adoption de cette loi.
Pour éclairer le professionnel qui s’est adressé à lui, le Comité analyse la situation en posant trois séries de question.
Ainsi, au-delà d’une meilleure connaissance des solutions pratiques, l’analyse de cet événement pourrait constituer une opportunité pour revoir le positionnement associatif, le projet et le règlement de fonctionnement de l’établissement. Créer des conditions d’un travail éducatif de qualité, n’est-ce pas soutenir les professionnels dans leur fonction, et ce, dans l’intérêt des jeunes accueillis ?
Dans un premier temps, le Comité s’interroge sur l’absence totale d’éléments concernant ce jeune et le contexte dans lequel cet événement s’est produit : a-t-on affaire à une violence imprévisible, sans rapport avec la personnalité de ce jeune et avec les motifs de son placement ? Qu’en est-il de sa relation habituelle avec les adultes ? Connaît-on d’éventuels événements déclencheurs ? Quant à l’éducateur victime, est-il qualifié, expérimenté ? Quelles sont les conséquences personnelles et professionnelles de cette agression ?
Dans son avis, le Comité indique que la réflexion sur cette situation renvoie à la fois à l’éthique de situation, à l’éthique de responsabilité, et à l’éthique de discussion, et qu’une décision doit prendre en considération trois critères d’appréciation : l’intérêt de l’enfant, ses besoins, ses droits. Dialogue et clarification des places et des responsabilités ne conditionnent-ils pas l’articulation nécessaire des différents acteurs de la protection de l’enfant ?
Le Comité revient dans un premier temps sur les textes qui régissent l’accueil des mineurs et en particulier ceux qui définissent le projet pour l’enfant, le contrat de séjour et le règlement de fonctionnement.
- les principes déontologiques, leur interprétation et leur mise en œuvre dans les pratiques des travailleurs sociaux ;
- les modalités de la rencontre entre les professionnels de l’action sociale et les usagers ;
- enfin, à quelles conditions peut-on concilier, dans la pratique, l’exercice des missions du service social et les convictions d’ordre religieux et culturel.