« Lors du décès d’un proche d’un résidant trisomique », travaillant par ailleurs en ESAT, la famille de ce dernier informe le foyer d’hébergement de l’événement et « donne consigne de ne rien dire à l’intéressé ». Elle souhaite « le faire elle-même, quelques jours après l’enterrement par peur d’effondrement notamment ». L’éducateur qui s’adresse au CNADE s’interroge : que faire, que dire ? Doit-on mentir à ce jeune majeur ? Doit-on lui laisser le choix d’aller aux obsèques, ce qui suppose de l’informer ? Ce faisant, peut-on se soustraire à la consigne de ses proches et prendre, éventuellement, un risque pour sa santé psychique ? Le demandeur montre ainsi son souci de respecter les droits du résidant ET la famille dans ses attentes et ses positions.
Après une longue analyse de la situation, le CNADE pose quatre séries de questions d’ordre juridique. Concernant la personne accompagnée, quel est l’esprit des lois récentes sinon celui de respecter pleinement les droits et les libertés individuelles des personnes prises en charge dans les établissements sociaux et médico-sociaux ? Cependant, le respect de ces textes suffit-il à répondre à cette situation particulière ? Quant à la famille, outrepasse-t-elle ses prérogatives ou ne peut-on considérer qu’elle est guidée par un louable souci de protection ? S’agissant des professionnels, respecter la place de la famille implique-t-il de cautionner son regard sur un proche porteur de handicap ? Comment pouvaient-ils réagir pour concilier le respect des droits du résidant et la nécessité du dialogue avec sa famille ? La loi 2002.2, les références déontologiques pour les pratiques sociales ne peuvent-elles pas les aider à respecter le cadre juridique, tout en maintenant allumée la petite flamme de la réflexion éthique ? Enfin, l’institution est, elle aussi, soumise à des règles déontologiques et à un devoir de réflexion éthique : la mise en place, ou la mise en œuvre d’espaces où prévaut une éthique de la discussion n’est-elle pas à réfléchir afin que des décisions de cette nature, éventuellement contraires à celle des familles, puissent être prises dans l’intérêt du résidant ?