Dans une crèche associative préventive, les professionnels sont confrontés à la demande de parents que ne soit servie à leur enfant de deux ans que de la viande halal ; cela sur incitation de l’imam de leur mosquée. Le refus de leur requête a été appuyé sur deux motifs : l’impossibilité de s’organiser pour préparer des repas différents en fonction des confessions religieuses et le fait que l’établissement soit laïque.
Un des membres de cette équipe, une EJE, sollicite l’avis du CNAD car elle n’est pas à l’aise avec cette décision, éprouvant quelques difficultés à faire la part des choses entre la dimension laïque – le respect des religions et l’organisation de la vie en crèche.
Tenter justement de faire la part des choses entre ces différentes données a servi de guide à la réflexion du CNAD, d’abord en approfondissant le sens et les implications du concept de laïcité. La laïcité est-elle antireligieuse ? Se limite-t-elle à la notion de séparation de l’Etat et des religions ? à une position de neutralité ? Ou peut-elle, au-delà, constituer un cadre qui rend possible la manifestation de la diversité sans pour autant morceler l’espace public ? Comment la laïcité est-elle conçue au niveau associatif et institutionnel ?
Sur quels fondements décider des modalités concrètes d’application de cette laïcité au quotidien ? Les principes déontologiques affirment le respect des convictions individuelles tout en soulignant que l’objectif premier de toute action sociale est de faciliter, chez ceux auprès desquels elle intervient, l’accès à une capacité citoyenne. Les crèches ont une mission de socialisation et l’apprentissage du vivre ensemble nécessite de poser un certain nombre de règles communes à tous, garantissant l’égalité de traitement de chacun.
Entre le tout acceptation ou le tout refus de la demande, est-il possible de proposer des réponses institutionnelles qui permettraient de concilier a minima – au lieu de les opposer – dimension laïque/respect des religions et organisation de la vie collective ? Toutes ces interrogations devraient sans doute être mises en débat tant au sein de l’association que de l’institution, mais aussi avec les parents des enfants accueillis car n’est-ce pas sur la base de valeurs explicitées et partagées que l’on peut tendre vers la cohérence et la cohésion ?